La poupée dans tous ses états.              
"Gil Bensmana occupe tous les espaces, tous les étages du donjon et de l'ancien colombier. 
Des poupées sont partout, dans les alvéoles du colombier, au sol sur les murs ou au plafond; 
en tas, pendues, suspendues, épinglées ou vidéo-projetées. L'artiste a endossé le costume 
de démiurge ou du sorcier.              
Chaque alvéole du colombier renferme une curiosité, une poupée, un morceau de poupée, 
ou un conglomérat de poupée. Le plastique est coupé, meurtri ou brûlé.              
Telle une abeille besogneuse, il a donné vie à chaque alvéole. En pénétrant dans le colombier, 
nous entrons dans l'antre de la création, nous sommes à l'intérieur d'un laboratoire 
ou l'artiste joue au scientifique, aidé de multiples instruments, il tente des expériences 
qui ne réussissent pas forcément et nous plonge dans un monde peuplé de monstres et de martyrs. 
Gil Bensmana a réuni dans son atelier une multitude de poupées trouvées chez Emmaüs, 
chacune d'entre elles a vécu, a été aimé par un enfant et a été vêtue de robes confectionnées 
par des grands mères. Avant de venir peupler l'atelier, ces poupées ont été des jouets 
chargés d'affect. En choisissant les poupées comme médium principal, 
l'artiste les a fait passer d'un monde privé et intime à un monde public destiné 
au champ de l'art. Tel un taxonomiste, Gil Bensmana a classé ses poupées, les a dévêtues, 
entassant les vêtements dans un coin, les a étêtées, a excavé les yeux des visages, puis s'est
livré aux jeux de la création pour nous donné à voir et à entendre.
Gil Bensmana nous immerge dans un univers bien particulier, qui oscille entre l'art et le jeu, 
le rire et la peur, la magie et la médecine, il est bien ici question de corps: corps difforme, 
corps meurtri, corps démonté, dénaturé... fantasmé."