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Photocopies géantes, colorées, collées sur les murs de la cité Youri Gagarine/Romainville (93)

J'ai vécu une partie de mon adolescence dans une cité H.L.M. de Romainville. Je venais d'une petite ville 
de province et ne suis jamais arrivé à comprendre ni à m'intégrer à cette vie où « marave » rimait 
avec caves, où la poudre faisait battre les coeurs dans la colonne sèche et faisait disparaître les mobylettes 
sur les paliers, où le tapage nocturne des voisins collait toujours des bleus sur le visage de ma voisine. 
Oubliés du monde, les habitants ont eux mêmes oublié le reste du monde. Une vie parallèle, si prés de la ville, 
où tout le monde attend quelque chose qui ne vient jamais, où tout le monde rêve d'un ailleurs, sachant 
qu'il leur est interdit. 
Une cité dans la cité, une vie dans la vie avec comme fenêtre ouverte sur le monde une antenne parabolique. 
Alors les vacances remplissent les cours et les entrées de bâtiments d'enfants et de jeunes qui attendent 
au rythme d'un « toast » entendu la veille sur M.T.V. A 18 ans, je suis parti.           
L'idée était de reprendre « l'univers-oignon » de la cité pour y réaliser une installation monumentale. 
Contrairement aux « décorations » habituellement pensées par les urbanistes dans les cités, toujours 
en parfait décalage avec les habitants, leur vie ; je propose de prendre les habitants eux mêmes comme 
point de départ de mon travail photographique. 
Et c'est avec un appareil numérique que je me suis livré au jeu du miroir, photographiant au gré 
de mes rencontres, au pied des immeubles. Je voulais éviter de faire un reportage social, mais plutôt 
une série magnifiante, rendant aux habitants la possibilité d'être eux-mêmes source de rêve et d'héroïsme. 
Les photos réalisées, il ne restait plus qu'à les agrandir jusqu'au monumental pour les coller à l'endroit 
même où elles avaient été prises. Reportage du temps mais pas du lieu, cette série s'inscrit dans le cadre 
de la photo de famille où ce sont des photos de gens adressées à ces gens eux-mêmes. Ces gens qui justement 
ne mettent jamais les pieds dans un centre d'art ou un musée. 
Mon but était de rendre hommage aux générations qui m'ont suivi et remplacé dans cette cité.
 

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